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Hormis le fait que Marvel et DC soient 2 entreprises totalement différentes (l'une est liée à Panini et sera acheté par Disney, l'autre par AOL Time Warner), les différences sont intrinsèques à leurs univers respectifs : Marvel est plus réaliste que D.C. Mais c'est en examinant leur histoire que l'on peut entrevoir leur opposition immuable, qui commença bien avant leur séparation du grand groupe A.A.C. (All American Comics).

DC est le premier des deux à avoir commencé avec Superman (qui ne lui appartenait pas encore à cette époque) et Batman avant la 2nde Guerre Mondiale (1939 pour Batman et 38 pour Superman) et connaissent alors un succès sans précédents dans le monde de la BD US que des héros comme Mandrake ou le Phantom avait commencé à défricher.

À cette époque (préhistorique) est apparu également un autre succès chez Fawcett : Captain Thunder  (renommé Captain Marvel, puis Captain Shazam chez DC) qui a eu l'honneur de faire 25 % de plus que Superman à l'époque et conserva son record pendant de longues années.

Détective Comics développa dans le même temps les futurs héros de l'âge d'or : les membres de la JSA (Justice Society of America) et Aquaman entre autre. Il récupère au passage Superman (les histoires sont plus longues quand l'homme invulnérable doit d'abord identifier son ennemi), dont les aventures étaient auparavant développées dans Action Comics.

En 1941, le phénomène Jack Kirby apparut ! Avec Captain America, Kirby montra toute son originalité graphique, la prise de risque de son découpage et poussa avec son scénariste Joe Simon le réalisme à faire apparaître Hitler sur la cover du 1. Réalisme totalement absent chez DC et Fawcett, les Batman, Superman, JSA ou Captain Thunder n'eurent aucune aventure "guerrière" alors que les Namor, Human Torch, Captain Marvel formèrent le All-Winners Squad pour lutter contre l'Axe.

Après la guerre vint la crise : la majorité des héros Marvel et DC sont stoppés hormis Superman, qui voit apparaître des spin-off comme Superboy, et Batman. C'est l'horreur qui prit le pas sur les superhéros : les EC Comics, dont Tales from the Crypt qui inspirera la série TV, s'installent à partir de 1945.

Leur règne sera de courte durée car apparut en 1954 à la fois la pire et la meilleure chose qui pouvait arriver aux comics : le Comics Code ! Les titres EC Comics disparurent au profit de l'auto-censure.  

En 1956, DC renoue déjà avec le succès en donnant une seconde chance aux héros vedettes de l'âge d'or : Atom, Flash, Green Lantern... En fait, à de nouvelles incarnations de ceux-ci, et on arrive à une des différences fondamentales avec Marvel : le renouvellement des héros chez D.C. Par exemple, Green Lantern a connu au moins 5 incarnations différentes : celui de l'Age d'Or renommé Sentinel à notre époque, Hal Jordan, Guy Gardner, John Stewart, Kyle Rainer...

La 2nde différence fondamentale apparaît également à cette époque car pour ce "relaunch", DC fait appel à des auteurs de SF qui donneront un souffle SF inhérent aux scénarios DC avec des paradoxes temporels, des Terres parallèles dont les concepts seront poussés à l'extrême au fil du temps.

La crise semblait commencer à s'effacer : Superman en se décrochant totalement de la réalité (Superboy, girl, Krypto le super-chien) avait survécu tout le long de cette crise, DC commençait à retrouver des couleurs avec ses anciens héros qui revenaient (mais qui n'étaient pas les anciens, vous suivez toujours ?) mais c'est du côté de Marvel que la révolution allait arriver.

Afin de se maintenir au niveau de DC, trois "petits nouveaux" de l'époque chez Marvel allait bouleverser à jamais le paysage comics. Leurs noms ? Stan Lee, Jack Kirby et Steve Ditko ! Leurs créations innovatrices accompagnant le premier reboot de Marvel relancera la Maison des Idées.

Et pendant ce temps là chez DC ? Superman et Batman continuaient leur bonhomme de chemin hermétique à toute modif extèrieure, les créations des années 50 devenaient vieillissantes et seuls les nouveaux Flash, Atom, Hawkman, Aquaman, Green Lantern et Spectre, ressuscités de l'âge d'or, attisaient la curiosité tout en étant assez classiques par leurs aventures.

On trouve là une différence Marvel/DC qui finira par s'atténuer avec le temps : alors que les vilains de Marvel ont un sombre passé ou une rancœur expliquant, voire excusant, leurs actes, les vilains made in DC sont simplement malhonnêtes.

Cependant les histoires sont mieux travaillées chez DC : chaque épisode suit un schéma redondant mais novateur. On débarque sur un héros vite en mauvaise posture et il faut attendre les dernières pages pour avoir la résolution réelle de l'intrigue. De son côté Marvel misait beaucoup plus sur les combats de 10 pages...

C'est à cette époque également, comme évoqué plus haut, que DC reboot une première fois son univers et lance le principe de Terres parallèles, complètement SF, plutôt que de se rapprocher de la réalité : Flash lit les aventures comics de son prédécesseur, le rencontre sur une terre parallèle et est lui même un perso de BD dans un 3ème monde, par exemple.

Après ce 2nd âge d'or ne vint pas la crise cette fois mais une nouvelle vague moins haute que la première.

Le renouvellement du genre vint en fait de DC. Quand en 1968, Carmine Infantino (jusqu'à lors dessinateur de Flash) arrive à la direction de DC, son caractère réformateur s'exprime autant que le caractère conservateur de Stan Lee.

En opposition à Kirby qui se fichait éperdument de la perspective, le nouveau dessinateur vedette de DC Neal Adams ne jurait que par ça. Et la réforme essentielle d'Infantino fut de laisser aux auteurs leur liberté ! On reconnaît là l'ancien dessinateur (ça ne vous fait pas penser à un certain Joe Q. vous ?).

Infantino et Adams lancèrent les aventures de Deadman, un fantôme errant sur Terre à la recherche de son assassin qui se retrouvait malgré lui au centre d'embrouilles policières classiques. Steve Ditko, qui venait de quitter son Dr Strange chez Marvel, créa en toute liberté The Creeper, un justicier costumé classique mais au rire et au sourire semblables à ceux du Joker : effrayant !

Adams reprit ensuite Batman pour lui rendre son esprit d'origine sombre et torturé. Adams encore "politisa" Green Lantern en lui adjoignant Green Arrow plus proche des problèmes de société des minorités. Mais sans le savoir Adams provoquait la mort du super-héros en tant que tel, donnant un réalisme trop poussé à des personnages qui sont encore sous le coup du Comics Code. En effet, impressionnés, les autres auteurs de l'époque s'engouffrèrent dans ce style... qui entraînera la crise des 70's. Une crise tout d'abord identitaire : les comics s'adressent-ils aux enfants (qui représentent la majorité de la clientèle depuis l'avènement du Comics Code) ou aux adultes comme aux origines ? Ne sachant plus à quel public ils ont affaire, les auteurs essaient un peu tout et n'importe quoi.

On en était à la révolution Neal Adams et à ses conséquences. Le changement le plus radical à l'époque réside en Superman : Clark Kent passe du merveilleux avec la cité de Kandor, les différents types de kryptonite, le Daily Planet à... la réalité ! Il devient journaliste TV, il n'existe plus que la kryptonite verte et tout l'univers féerique créé en 30 ans finit par être mis au placard. Certainement une bonne nouvelle pour l'heure actuelle mais pour l'époque, c'était trop tôt et surtout mal géré.

Ça va de mal en pis : les persos intermédiaires comme le Creeper ou Deadman disparaissent, les gens se désintéressent de Flash, Atom, etc... Et Marvel ? Bah, ce n'est guère plus brillant : Kirby quitte le navire et la majorité des séries sont suivies par des auteurs qui mêlent les "à suivre" de Kirby au réalisme de Neal Adams sans avoir ni le talent de l'un, ni celui de l'autre.

Tout va mal dans le monde du comics alors ? Pas tout à fait même si c'est le cas général. Les comics se voient toujours obligés de cibler en priorité les enfants pour rentabiliser leurs ventes, au mépris leur lectorat adulte. Mais le style d'Adams chez DC a lancé une révolution. Du coup pour les adultes les comics underground refont leur apparition et fonctionnent pas mal. Au point que DC et Marvel essaieront les années suivantes de récupérer un lectorat plus matures.

Infantino innovera chez DC avec des titres devenus mythiques mais désormais loin des super-héros : Bat Lash (western), Tarzan (par Joe Kubert) ou encore Swamp Thing (par Berni Wrightson - dont une réédition VF est sortie chez Delcourt ou Soleil je crois). DC continuera en relançant des bandes horrifiques comme House of Mystery ou Witching Hour, avec des dessins de plus en plus réalistes. Le seul nouveau super-héros chez DC en 1972 fut la résurrection du Captain Thunder (renommé Captain Marvel pour faire un pied-de-nez à son concurrent) racheté à la firme Fawcett.

Marvel qui est fragilisé par le départ de Kirby introduit des persos plus réalistes ou horrifiques : Master of Kung-FuDraculaMan-ThingFrankensteinGhost Rider mais surtout voit avec bonheur s'envoler son seul succès réel de l'époque : Captain Marvel par Jim Starlin (NdeMoi : ça en fait beaucoup de Captain Marvel, nan ?).

Parallèlement à ça, chez DC, il existe également un succès assez confiné : Jack Kirby ! Appelé par Infantino pour sauver Superman en 1970, il refuse le titre et préfère en créer un autre sur... Jimmy Olsen qui introduit Superman au nouvel univers à succès que crée Kirby par ailleurs avec ses Mister Miracle, Forever People et surtout ses New Gods. Deux ans après, c'est Kamandi et The Demon qui rejoignent le monde créé par Kirby jusqu'à ce qu'il reparte en 1976 chez Marvel.

La fin des années 70 sera marquée par une vague d'adaptation de films à succès: Star Wars, Star Trek... et les What If et Elseworld qui chez Marvel et DC excitent l'imagination des scénaristes et des lecteurs : les héros peuvent mourir, les méchants peuvent être gentils, etc.

Au début des années 80 les mangas débarquent en France et aux U.S. Non seulement en livres mais aussi en versions animées... et ils ne souffrent nullement de la censure qui a affaiblit les comics. Pour faire face à cette concurrence déloyale, la censure sur les comics se met au diapason et commence à reculer. Les années 80 voient aussi l'avènement de Crisis on Infinite Earths dessiné par George Perez : l'univers DC est détruit pour être reconstruit point par point. Toutes les incohérences dû aux persos multiples, aux dimensions et Terres parallèles, sont fondues dans un nouvel univers global à la fois plus réaliste et plus cohérent. Des persos y laissent leur peau et pas les moindres. Malgré une sortie de crise grâce à ce nouveau reboot et de bons auteurs, les années 80 n'atteignent pas les sommets épiques des décennies précédentes en terme de succès. La censure encore persistante et la crise identitaire des comics y sont pour beaucoup.

Les années 90 sont moins florissantes : le comic-book devient réellement un enjeu commercial. Les records tombent, les têtes aussi. Marvel multiplie les covers alternatives, les effets holographiques, les cross-overs, les rachats de sociétés, etc... DC de son côté reste plus discret et n'y gagne qu'une image vieillissante, d'autant plus que son seul réel fait marquant et médiatique de la décennie est la mort ENNUYEUSE de Superman, qui reviendra quelques numéros après...

Bien sûr, les années 90 seront aussi l'avènement de talents graphiques reconnus : Jim Lee, Whilce Portacio, Rob Liefield, Todd McFarlane, Erik Larsen... qui iront créer avec peu de bonheur finalement, hormis peut-être pour McFarlane, Image Comics. Peu de bonheur car même si le concept était séduisant (liberté, nouveauté, etc), ces gars là étaient dessinateurs et pas scénaristes et surtout avaient un ego surdimensionné ! Résultat aujourd'hui : Liefield fait des covers pour Marvel, Jim Lee fait des arcs pour DC, McFarlane vend des jouets et Image sort 3-4 titres seulement... Cependant - à l'instar des mangas - Image Comics a su s'affranchir de la censure pour s'adresser exclusivement à un public d'adultes. Une démarche qui n'est pas passée inaperçu auprès des autres maisons d'éditions.

Le véritable renouveau profond des années 90, c'est finalement chez DC qu'il faut aller le chercher avec la ligne Vertigo. Un des deux grands acteurs du marché arrive enfin à faire autre chose que du super-héros sans tuer celui-ci. La ligne Vertigo mise sur le fantastique avec des comics adultes et bien écrits par des auteurs comme Garth Ennis (Preacher) ou Neil Gaiman (Sandman). Bien sûr, Vertigo reste assez loin de l'univers DC mais c'est ce qui lui permet de ne pas ridiculiser le genre super-héroique.

Marvel tentera lui aussi cette expérience avec la gamme Marvel Knight puis Marvel Max. Cependant, l'euphorie Marvel ou plutôt sa fuite en avant, générera une crise sans précédent. Une crise qui touchera le marché entier ! Des éditeurs disparaissent, d'autres sont rachetés ou fusionnent... Bref, une situation des plus déplaisantes pour les artistes, les actionnaires et les lecteurs.

Pendant ce temps-là, DC continue son bonhomme de chemin avec une discrétion qui lui réussi depuis une vingtaine d'années maintenant... Renouveau de Superman par Loeb et McGuinness avant d'arriver à Azzarello et Jim Lee sur le titre le mois prochain. Batman dépoussiéré par Loeb et Lee : malgré une intrigue moyenne, Batman est redevenu un perso à suivre. La JLA va voir revenir le duo mythique d'Uncanny X-Men (Claremont/Byrne). Et pas mal de séries sont relancées et en général avec bonheur : Outsiders, Teen Titans, JSA, Green Arrow... Vertigo est toujours de qualité, notamment en récupérant des titres "hors univers D.C." comme 100 Bullets, Human Target, Fables, Y the Last Man...

Tout semblait aller de mieux en mieux jusqu'à il y a quelques jours où Bill Jemas a été remplacé chez Marvel. Et le remplaçant n'a pas l'air de vouloir trop couvrir Quesada dans ses délires comic-ièsques, mais plutôt de gagner du fric avec les adaptations de films, des covers alternatives, etc... Et déjà les auteurs commencent à partir de chez Marvel, volontairement ou non (le cas Igor Korday)...

Une nouvelle crise s'annonçait chez Marvel, dont les meubles seront sauvés de justesse grâce au succès aussi fulgurant que surprenant au cinéma de ses dernières adaptions en films..... et  son rachat par Disney

De son côté D.C. tente un nouveau reboot de son univers, avec pour icône de ce nouvel univers un Superman enfin débarrassé de son "slip rouge" (en réalité une protection à l'entre-jambe, séquelle d'une époque où les héros portaient des collants). Mais son reboot est bancal, D.C. en tentant de retrouver trop vite l'époque de ses derniers héros en date crée un trou de cinq ans qui sera éclairci petit à petit lors de flash-back, malheureusement ce dernier ne cadre pas avec la chronologie des faits qui représentent une durée trois fois plus longue (Dick Grayson par exemple est passé de l'âge de 10 ans à 25 durant ces cinq ans). Pour D.C. c'est un coup dur, alors que le succès au cinéma de Marvel le propulse au sommet. La firme se rattrape en sortant des animés et des jeux vidéos de qualité puis en essayant d'imiter son concurrent au cinéma avec déjà un succès notable (la Trilogie Batman de Nolan), des succès moyens (Green Hornet, Green Lantern, Jonah Hex) et de nombreux échecs. Pendant ce temps Marvel en profite pour rebooter lui-aussi son univers une nouvelle fois sous la forme Marvel Now !

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